Je vais vous donner ma version des événements de Mai 68 vus par le petit bout de la lucarne.Ce fut comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu,blanc,rouge.Ni de Gaulle,Mitterand , les cocos , les ouvriers de chez Renault et meme  Malraux qui poutant avait prédit que le 3è millénaire serait religieux  n'ont vu arriver le tsunami de l'époque.Cela avait commencé comme un vulgaire monome à la Sorbonne à la suite  d'une interdiction par le rectorat pour les garçons d' aller rejoindre leurs copines dans les dortoirs de leur université respective.Sans blague!La- dessus le monome emporte tout ,et le "Boul-Mich" dévoile sa plage sous les pavés lancés par nos jeunes bien propres sur eux encouragés du haut des balcons par des parents heureux de faire la fete et la grève malgré eux car les administrations ,les banques etc... étaient  fermées et les arbres tombaient  et les voitures brulaient ( va -y  fiston ,la voiture de papa est bien au garage!).Curieusement les boutiques restaient bien ouvertes dans le quartier et aucun rideau de fer n'était baissé meme sur les boulevards aux alentours .LES CRS/SS respectaient bizarrement les cafés où se réfugiaient certains jeunes regardant passer en rigolant leurs copains courant beaucoup moins  vite.Pas de vitrine cassée,pas d'incendie de boutiques et  pas de morts , je crois, grace  à l'intervention du pompier de service "papon,papon,papon" ! Quel joli mois de mai cher à Nougaro .A la Sorbonne occupée révolutionnairement beaucoup d'intermittents du spectacle( comme on les nomme aujourd'hui)-des petits et des sans -grade-désiraient qu'on leur ouvre en grand les studios et les plateaux alors que les plus connus des  artistes dans leurs résidences - secondaires sirotaitent leur whiky ou champagne rose en attendant que cesse la chienlit de la culture pour tous gratuite et obligatoire.Non mais sans blague! Des copains rencontrés à la Sorbonne et qui se disaient maoistes tout en ne connaissant le" petit livre rouge" que par sa couleur voulaient intervenir sur l'antenne.Facile mec ,vous passez par l'immeuble contigu .,je vous ouvre la fenetre de la salle de maquillage , vous occupez le studio 3 et vous prenez  l'antenne: moi dixit .Malheureusement pour eux et heureusement pour moi vu mon licenciement  certain ,nous avons été coiffés au poteau par le Gros Léon, turfiste de talent  qui encourageait  la révolte et qui s'est retrouvé  au chomage quelque temps;mais vu sa connaissance des langues  étrangères ,des gens de la  noblesse anglaise et des grands de ce monde ,on l' a vite réintégré, ce qui n'a pas été le cas de Darget ou Pasteur ,pourtant très,très bons journalistes eux aussi. Enfin il nous restait Couderc et Zitrone et c'était là l'essentiel.Suis' je peut-etre un peu partial ,mais j'ai remarqué une chose :tous les soixante-huitards de l'époque sont tous devenus des pontes dans leur domaine respectif alors que le jeune entré chez Renault aura beaucoup de chance  à l'age de la retraite s' il  termine  contre-maitre chez Nissan ;apprendre le japonais après 50 ans :raz le bol de riz.! Moralité, si tu travailles chez Bricorama, sois toujours  du coté du manche surtout si tes parents t'aident à le tenir.Une anecdote pour détendre l'atmosphère révolutionnaire: en rentrant un soir du coté du square Viviani après un tournage aux halles Baltard de Paris  en compagnie de Jacques Chancel et de  Bernard Lion ,je me retrouve nez à nez avec une patrouille de gardes- mobiles quelque peu énervés et si je n'avais pas rencontré un officier  compréhensif je ne coupais pas de la baston.Malgré tout un des gardes m' a balancé une grenade lacrimogène  qui m'a atteint à  l'oeil droit d'où plainte au commissaire du quartier  qui a compati et tout et tout ,mais amnistie aidant ,ce fut une plainte sans suiteJe fus tout de meme remboursé des soins par la Secu.Le lendemain un bandeau sur l'oeil ,je remets le couvert en voulant traverser la place St-Michel quadrillée par un cordon de policiers; je demande la permission de rejoindre en face la rue St André- des- Arts et après l'autorisation d'un supérieur sous le regard ahuri des gens massés sur les troittoirs ,je m'engage sur une place vide de monde et de voitures et dans un silence relatif je me voyais comme si j'étais seul sur une barricade drapeau rouge à la main; rouge pour les uns ,gris pour les daltoniens et vert pour les Palestiniens.Les gouts et  les couleurs, mec, tu respecteras ! Voilà , voilà, le récit de mon " joli mois de Mai " à moi !!!

De mon temps,comme aurait pu le dire  mon père s'il avait été un ancien combattant,on faisait la  guerre  pour défendre  la patrie  en danger. Ce ne fut point son cas  à cause  de ses  charges familiales;  malgré tout  il  participa  à la défense de la liberté en abritant dans sa cave des "terroristes" (ainsi étaient- ils nommés ) pousuivis par des miliciens qui n'ont pas hésité à flinguer  Georges Mandel  chez qui mon père  avait travaillé bien avant comme  homme à tout -faire.Alors que la majorité des Français chantait " Maréchal nous voilà" ii fallait beaucoup de courage pour ètre résistant. C'était sans doute héréditaire car mon grand' père  combattait les" pavillons noirs" aux   frontières nord de l' Indochine pour le compte de l'empereur .Le comble fut que l' administration française (oui ma brave dame) imposa  à chaque village d'acheter une certaine quantité d'opium  ce qui vidait les poches des" nhà-qué"(paysans) et  noyait les révoltes possibles dans les vapeurs opiacées et dire qu'aujourd' hui on reproche à Hugo Chavez de vouloir  privilégier  chez lui la récolte de la coca! L'hérédité aidant ,mon père ne pouvait faire autre chose que de venir dans notre belle  patrie laique et républicaine  pour faire de l'agit-prop avec le futur Ho Chi Minh qu'on surnommait alors" Nguyen le patriote". Pendant que l'un faisait de la retouche photographique pour faire vivre tout son petit monde,les autres se chargeaient de l'intendance et ils se retrouvaient tous  dans les cafés de Montparnasse où mon père a eu l'occasion de faire la connaissance de Picasso qui lui a proposé plus  tard de poser pour lui mais  refus de mon père  prétextant que son portrait n' aurait pas été très ressemblant .Dommage en échange des séances de pose  une toile offerte lui aurait permis d'étre enterré sous les cocotiers aux Seychelles au lieu de quoi il est enterré à  Marnes- la -Coquette  non loin de son copain Maurice  Chevalier  chanteur de charme qu'il  avait connu dans les années 20 à la Coupole.J'en profite pour rendre un hommage à mes deux beaux-pères: l' un pour étre resté prisonnier dans un camp russe à Mourmansk jusqu'en 1946 (tout cela parce que les chars Renault ne valaient  pas les Panzer allemands) et délivré par un officier anglais de la Croix rouge et le deuxième pour son action pour le sport universitaire et  dont  de nombreux équipements sportifs de la région parisienne portent le  nom, j'ai nommé Jean Guimier.Honneur à ces héros des temps modernes! 

J'ai rencontré le Comte de Paris à la Maison de la radio le jour de l' enregistrement d'une émission sur l'assassinat de l'amiral Darlan pendant l'occupation allemande. Etaient présents le Comte et un ponte de la Télé Philippe Raguenau ,un gaulliste historique.Comme l'amiral avait plutot joué  la carte américaine,certains monarchistes l'ont envoyé rejoindre des eaux meilleures  .Dommage pour lui,s'il avait fait le bon choix ,celui de" Mon Général" de Gaulle,il aurait sans doute aujourd'hui un porte-avion à son nom.Il est vrai le" Darlan" aurait fini aussi à la casse comme le "Clemenceau" au bord duquel j'ai passé quelques nuits en rade de Toulon à la suite  d'un  "En direct du porte-avion Foch" et le "Pacha" vu mon enthousiasme dans le travail m'avait invité avec le reste de l'équipe de réalisation à l'Oustau de Beaumanière (un quatre- étoiles: oui ma bonne dame !) où ignorant tout alors de la bonne cuisine je n'avais commandé qu'une entrecote saignante à souhait.Pour l'émission au moment de présenter un petit mémo sur le bon déroulement de l'émission,comme j'hésitais sur la manière de  saluer le Comte; devais-je dire ,Votre Altesse.,Votre Seigneurie,Votre Majesté,le Comte m'a suggéré de dire tout simplement "monsieur" puisqu'on était en République; va pour Mon Sieur ,cela va de soi.pour un Noble.Mais il y avait encore un autre blème,comme le cadreur me montrait ostensiblement sa tete ,je me suis aperçu que i'avais oublié  d'enlever mon béret malgré le manuel du savoir-vivre de la comtesse.Comme l'a si bien dit Mon Sieur le Comte, on était en République et il m'aurait évité selon lui la Bastille si j'avais vecu  sous le règne de Louis XVI .Le père Raguenau ci-dessus a prétendu bien plus tard qu'il correspondait avec l'esprit de sa défunte  épouse Catherine Anglade productrice de l'émission " C'est pas sérieux " à laquelle j'ai participé, émission animée par deux duettites de talent Jean Amadou et Jean Bertho et des guest stars tels que Christine Fabrega,Ginette Garcin ,Francis Joffo,Jacques Marin,Guy Pierrault  et bien d'autres encore. A plus

Pourquoi ai-je intitulé mon Blog "anciendelatélé",parce que  j'y suis entré dans les années 50 et  j'ai quitté la télé  dans les années 80.EN ce temps là,où il n'y avait que quelques centaines de milliers de téléspectateurs,malgré les recommandations du Ministère de l'Information aucun de  mes grands copains journalistes de "Cinq colonnes à la une" émission  patronnée par Pierre Lazaref  de France-soir n'auraient eu l'idée à cause d'une quelconque censure de bidonner ou de bidouiller leurs reportages ou de vivre sur les dépouilles de leurs prédécesseurs.Grâce à eux le paysan de la Creuse ou le villageois de Bretagne pouvait comparer son mode de vie et ainsi se précipiter au "salon des Arts ménagers" et acheter son  énième Moulinex pour être dans le coup,surtout la ménagère de plus de cinquante ans.Les reportages sur la guerre du Viet-Nam ont réveillé les consciences et les "comités lycéens" se sont multiplié et l'on brûlait plus de drapeaux américains que de voitures des pauvres bougres de banlieue. En ce temps là aussi, les" intermittents du spectacle"  ,assumaient et assuraient  leur liberté et ne désiraient pas  devenir de quasi- fonctionnaires.Quand on voit tous ceux qui polluent les spots publicitaires à longueur de journée et d'année :je sais que c'est  seulement alimentaire et qu'il y a dix fois plus de  chômeurs parmi eux, je me dis qu'ils  sont devenus les "Incontinents du spectacle"..Au fur et mesure du temps qui passe,je vous raconterais ma vie télévisuelle très enrichissante de ce temps là, car c'était vraiment de la tarte . Ouais!